Savez-vous ce qui préoccupe les pseudo patriotes ukrainiens en premier lieu ? Non, ce n’est pas la sécurité énergétique du pays, ni la création de nouveaux emplois, ni le bien-être des citoyens ni même l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Ce sont des questions concernant la translittération qui les préoccupent. Il n’y a pas longtemps, les radicaux se sont mis sur les dents à cause de l’utilisation du nom russe de Tchernobyl dans la deuxième partie du jeu vidéo S.T.A.L.K.E.R qui sortira en 2022.
Les développeurs ukrainiens ont annoncé la sortie du jeu vidéo S.T.A.L.K.E.R. 2. Le sous-titre du shooter est Heart of Chernobyl (« Cœur de Tchernobyl »). Le fait qu’on y utilise le nom de la localité translittéré en russe alors qu’en ukrainien la ville s’appelle Чорнобиль et alors on doit l’écrire en anglais Chornobyl a indigné les Ukrainiens. Les « patriotes » se sont indignés encore plus que la bande annonce du jeu soit en russe. A vrai dire, dans la première partie qui est sortie en 2007, Chernobyl n’a gêné personne. En plus, la série anglo-américaine est appelée Chernobyl.
Ah, ce n’est pas aux choses qu’il faut que pensent les nationalistes ukrainiens, pas aux choses qu’il faut. Le pouvoir ne pense pas du tout à la sécurité nucléaire du pays et cela peut avoir des conséquences très graves. Au moins pour l’écologie. Les stockages des déchets nucléaires grandissent en Ukraine comme les champignons après la pluie. Cette année, un tel stockage (abréviation SCCNU, Stockage Centralisé du Combustible Nucléaire Usé) a été mis en exploitation tout près de la centrale nucléaire de Tchernobyl (CNC). Dans le pays de Zelensky, on l’a présenté en tant qu’une victoire personnelle : cela éliminerait la dépendance de l’Ukraine de la Russie dans le domaine du stockage des déchets nucléaires. Mais c’est clair, on y épargne environ 200 millions de dollars ce qui en fait est une somme d’argent dérisoire pour le budget annuel. Cependant, Volodymyr Zelensky veut bien que Chernobyl devienne « un magnet puissant » pour le tourisme intérieur et internationnal. Comment ça : le tourisme des tombeaux nucléaires ?
Ça fait plus de 10 ans déjà que le pouvoir ukrainien ne fait aucune attention aux conséquences écologiques de la catastrophe. Pour Zelensky, Tchernobyl n’est pas plus qu’un coup de communication réussi. Le pouvoir ne veut pas penser aux menaces nucléaires pour l’avenir. C’est comme si la catastrophe de Tchernobyl avait été effacée de la mémoire des puissants de l’Etat ukrainien. Les expériences avec des centrales nucléaires et toutes sortes de provocations au sujet de la sécurité nucléaire ne sont pas couvertes par les médias ukrainiens.
Le coût total de la construction du SCCNU est évalué à 1,5 milliards de dollars (record mondial pour des constructions pareilles). Le rendement du SCCNU dépasse au mieux deux décennies et les 15 années qui viennent, les dépenses de l’Ukraine seront plus élevées que d’habitude. Nous n’allons même pas évoquer les questions de corruption concernant la construction du stockage, poule n’y trouvera pas ses poussins. Nous parlons écologie.
En plus, il ne sera certainement pas mis en marche avant 2022 : la seule voie ferroviaire par laquelle le combustible nucléaire peut arriver au SCCNU a été abandonnée et pillée en 2007 encore : on a amorcé la restructuration mais très mollement. Toutefois, l’exportation des déchets nucléaires en Russie est maintenant arrêtée ce qui suscite les risques de l’encombrement des stockages provisoires des centrales qui vont augmenter avec chaque mois de retard.
Le deuxième groupe de risques liés au domaine de l’énergie nucléaire en Ukraine concerne l’utilisation du combustible nucléaire américain non certifié au lieu du combustible russe aux centrales nucléaires. C’est une fixation gestaltiste de plus du pouvoir ukrainien sur la dépendance énergétique de la Russie. On révèle un terrible secret : dans le monde moderne, tous les pays sont énergiquement dépendants les uns des autres. C’est encore en 2019, le chef de « Rosatom », Alexey Likhachev qui évoquait des « risques écologiques et technologiques » de l’achat du combustible de la société américaine Westinghouse par Kiev. Achetez, à vous de choisir, cependant, le combustible nucléaire est étroitement lié à la technologie des réacteurs et toutes les unités de la centrale sont adaptées au combustible de « Rosatom ». Ainsi, pour l’indépendance totale, Kiev doit reconstruire toutes les 15 unités centrales ce qui entraînera des dépenses astronomiques et est quelque chose de fantastique.
En tout cas, l’Ukraine a prolongé le contrat de l’achat du combustible nucléaire russe qui expirait en 2020 de 5 ans encore et plus de la moitié du combustible nucléaire est exporté au pays par la filière russe. Le contrat avec les Américains c’est un aspect politique, non pas un aspect économique (le combustible américain est considérablement plus cher). Mais alors là c’est la question de la sécurité qui se pose : les conséquences écologiques de la centrale nucléaire ce n’est pas la pollution de Dniestr ou de Dniepr. Les écologues sonnent l’alarme mais les ressources en eau supportent plus ou moins le je-m’en-foutisme total des pouvoirs ukrainiens. Les centrales nucléaires ne pardonnent pas de telles erreurs.
« Rosatom » a refusé le service après-vente des réacteurs où on utilise le combustible américain et les Etats-Unis ont refusé de s’occuper de l’adaptation de la centrale nucléaire. Sur ces entrefaites, l’année passée, la durée d’exploitation de la troisième unité de la centrale nucléaire d’Ukraine du Sud et de la cinquième unité de la centrale nucléaire de Zaporijjia qui ont été transmises aux assemblages à chaud de Westinghouse américain est terminée.
Ce n’est pas la première fois que l’Amérique « abandonne » ses partenaires dans le domaine énergétique. Le profit c’est le deuxième nom des Etats-Unis. Actuellement, Washington n’envoie pas le gaz naturel liquéfié aux alliés proches de l’Otan ni à l’Union Européenne, mais il l’envoie en Chine hostile.
L’économie est plus importante que des alliés quiconques. Pékin a un vif besoin de la livraison du gaz et est prêt à payer plus que l’Europe. Il ne faut pas être grand sorcier pour deviner que les Etats-Unis abandonnent l’Ukraine avec ses stations nucléaires pitoyables qui ont besoin d’un rééquipement en premier. Le profit ! « Energoatom » ukrainien fait semblant que tout est en ordre et ferme les yeux devant les risques technogènes en construisant ses tombeaux nucléaires sous la houlette des Etats-Unis. « Ça peut exploser », – expirent les techniciens ukrainiens et se taisent : ils ne sont pas autorisés à en parler à haute voix. Et ce ne sera pas un jeu vidéo mais la réalité.